Patrimoine mulhousien - Destruction du bloc vapeur DMC, menace sur la maison Weber

Publié le 22 Mai 2011

Patrimoine mulhousien - Destruction du bloc vapeur DMC, menace sur la maison Weber

Il est minuit moins cinq...

Dernières Nouvelles d'Alsace du dimanche 22/05/2011

Mulhouse, ton patrimoine fout-il le camp ? La destruction du bloc vapeur d’une filature et la menace sur le premier atelier construit en dehors des murs de la ville confirment ce que disait le regretté Édouard Boeglin: « A Mulhouse, il est minuit moins cinq en matière de conservation du patrimoine ».

Une pétition de 1 500 signatures, un référé suspension et un recours au tribunal administratif n’y ont rien fait.

Il y a quinze jours, Superba a lâché les pelleteuses sur le bloc vapeur de la filature DMC de 1812, la plus longue en Europe continentale. Elles ont mis à bas un édifice de belle proportion et aux murs solides, mais abîmé par des squats et un incendie resté inexpliqué.

Le Conseil consultatif du patrimoine mulhousien (CCPM) qui fédère les associations œuvrant pour la conservation des dernières richesses patrimoniales de la ville, a immédiatement réagi par la voix de son président Frédéric Guthmann « non pour jouer les pleureuses et développer une veine nostalgie » mais pour rappeler que Mulhouse, avec cette démolition, a perdu quelques minutes avant l’heure fatidique dans la conservation d’un patrimoine qui comporte « beaucoup plus d’éléments remarquables que ses habitants ne veulent le croire ».

Elle se demande si Mulhouse mérite encore son label de Ville d’art et d’histoire

Mais ce « patrimoine n’est pas inépuisable. Il convient de l’identifier, de le préserver et de le valoriser… Pour que ne se reproduise plus un massacre comme celui du bloc vapeur, pour que cette énième victime de la spéculation foncière voie son sacrifice sublimé, il est grand temps d’anticiper désormais sur les projets à venir ». En clair, même si le CCPM « n’a pas le monopole du savoir, il est indispensable qu’une telle instance soit écoutée et entendue à temps ».

À ce propos, Marie-Claire Vitoux, présidente honoraire du CCPM rappelle « qu’il y a dix ans, les historiens avaient remis à la mairie un rapport complet sur la valeur patrimoniale du site DMC et de son ensemble indissociable formé par la filature et son bloc vapeur ». Remontée, elle considère que le permis de démolir accordé à Superba propriétaire du site « est un sale coup, peut-être un coup fatal porté au patrimoine mulhousien ». Elle se demande si Mulhouse mérite encore son label de Ville d’art et d’histoire.

Au conseil municipal lundi soir, Darek Zsuster (Un Nouveau souffle pour Mulhouse) a formulé le vœu que « cette douloureuse expérience sera le dernier coup dur porté contre le patrimoine historique et qu’on s’interroge rapidement sur l’avenir du bâtiment principal car ne rien faire aujourd’hui signifie à terme le condamner».

« Il faudrait un mécène comme Batigère pour la caserne Lebfèvre »

Montré du doigt, le propriétaire Superba, par la voix d’un ancien dirigeant Alphonse Hartmann « ne fait aucun commentaire », sinon pour rappeler que sa décision a été prise suite à un rapport technique sur la dangerosité de l’édifice mis à terre.

Également montrée du doigt, la municipalité se défend de pouvoir intervenir sur le domaine privé (voir la réaction de Jean Rottner).

Frédéric Guthmann n’est pas très optimiste pour l’avenir malgré les déclarations de bonnes intentions de la Ville : « Le sort du bloc vapeur ressemble étrangement à ce qui s’est passé à l’arrière de la caserne Lefebvre et la maison Braun. À chaque fois, les propriétaires ont laissé faire. Il y a eu des dégradations et des incendies, plus ou moins suspects. Il faudrait un mécène comme Batigère pour la caserne Lebfèvre. Or il n’y en a pas ».

Eric Chabauty

Dernières Nouvelles d'Alsace du dimanche 22/05/2011

Rédigé par SOCIETE GODEFROY ENGELMANN

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